Biographie compagnon du prophète : Omayr ibn Wahb
Omayr b. Wahb était l'un des chefs de
Qouraych présents à la bataille de Badr. C'était lui qui avait été
envoyé en reconnaissance avant le déclenchement de la bataille. La
reconnaissance terminée, il revint dire aux polythéistes quouraychites :
« Ils sont plus ou moins trois cents hommes. »
Les notables l'ayant encore interrogé s'il y
avait d'autres troupes derrière ce groupe de combattants, Omayr leur
dit : « Je n'ai rien trouvé derrière eux. Mais, ô notables de Qouraych,
je les ai vus bien décidés à tuer (avant d'être tués). Ils n'ont aucune
défense et ils n'ont que leurs épées. Par Dieu, je pense que chacun
d'eux est prêt à tuer un homme avant d'être tué. S'ils arrivent à tuer
un nombre équivalent au leur, quel goût aura la vie après cela ? A vous
maintenant de décider ? »
Un bon nombre de notables furent influencés
et faillirent décider de renoncer à faire la bataille. Mais c'était
sans compter sur l'intervention d'Abou Jahl.
* * *
La défaite consommée, les Qouraychites
regagnèrent la Mecque humiliés, en laissant derrière eux des morts,
ainsi que des captifs aux mains des musulmans, notamment le fils de
Omayr b. Wahb. La débâcle suscitant les haines et les ressentiments,
Omayr en discuta avec son cousin Safouan b. Oumayr qui avait perdu son
père Oumaya b. Khalaf.
Laissons Orwa b. Az-Zoubayr nous rapporter
leurs propos : Safouan, en se rappelant toujours les tués de Badr, dit :
« Par Dieu ! A quoi bon vivre après eux ? » Omayr lui dit : « Tu dis
vrai. Par Dieu, si je n'avais pas une dette et une famille pour laquelle
je crains la misère après moi, j'irais trouver Mohammad et je le
tuerais. J'ai une raison que je peux exploiter. Là-bas, je dis que je
suis venu pour mon fils captif. »
Safouan sauta sur l'occasion et dit : « Je
paye ta dette! et ta famille sera avec la mienne pour toute la vie! »
Omayr dit : « Garde donc notre projet secret. » Après quoi, Oumayr prit
son épée et partit pour Médine. Omar b. al-Khattab était en train de
discuter avec des musulmans sur la bataille de Badr, quand Oumayr arriva
sur sa chamelle, armé de son épée. Il le vit baraquer sa monture devant
la mosquée et dit : « C'est ce chien Omayr b. Wahb, l'ennemi de Dieu!
par Dieu, il n'est venu que pour un mal! » Puis, Omar entra auprès du
Messager
et dit : « Prophète de Dieu, voici l'ennemi de Dieu Omayr b. Wahb qui arrive armé de son épée. »

Le Messager
dit : « Fais-le entrer. » Omar sortit et prit l'épée qui pendait dans
son fourreau, au cou de Oumayr, l'entoura bien autour de son cou puis
dit à des Ansarites : « Entrez avec lui et restez avec le Messager
et surveillez bien ce fourbe. Il n'inspire pas confiance. » Puis, il l'emmena devant le Prophète
, en tenant bien le sabre par le fourreau qui pendait toujours au cou d'Oumayr. Le Messager
dit alors : « Laisse-le Omar... Approche-toi, Oumayr. »




Oumayr s'approcha et dit : « Que se matin te soit bénèfique! » C'était la salutation de l'époque paganique. Le Prophète
lui dit : « Dieu nous a honorés avec une salutation meilleure que la
tienne, ô Oumayr. C'est le salut, qui est la salutation des habitants du
Jardin. » Oumayr dit : « Ô Mohammad, je jure que je viens juste de
connaître cela. » Le Messager
dit : « Qu'est-ce qui t'amène, ô Oumayr ? » Oumayr : « Je viens pour ce captif que vous avez. »


Le Prophète
dit : « Et qu'est-ce que cette épée qui pend à ton cou ? » Oumayr dit :
« Que Dieu maudisse les épées! elles ne nous ont rien épargné. » Le
Messager
dit : « Dis-moi la vérité, ô Oumayr, pourquoi es-tu venu ? » Il dit : « Je ne suis venu que pour mon fils. » Le Messager
dit alors : « Tu t'es plutôt assis avec Safouan b. Oumaya et vous avez
parlé des enterrés de Qourach dans la fosse. Puis tu as dit : « Si je
n'avais pas une dette et une famille à ma charge, j'irais trouver
Mohammad et je le tuerais. »



Safouan s'est alors chargé de payer ta
dette et de s'occuper de ta famille, à la condition de me tuer. Mais
Dieu s'interpose entre ton projet et toi. » A ces mots, Oumayr s'écria :
« J'atteste qu'il n'y a point de dieu hormis Dieu, et j'atteste que tu
es le messager de Dieu. Ce projet n'était connu que de Safouan et moi!
Par Dieu, tu n'as été informé que par Dieu! Louange à Dieu qui vient de
me guider à l'Islam! »
Le Messager
dit donc : « Enseignez la religion à votre frère, apprenez-lui le
Coran, libérez-lui son captif. » Ainsi embrassa l'Islam celui qu'on
surnommait « le satan de Qouraych. » A propos de la conversion de
Oumayr, Omar b. al-Khattab avait dit : « Par celui qui détient mon âme
dans sa main! quand Oumayr est arrivé devant nous, un cochon m'était
plus préférable que lui. Mais, aujourd'hui, il m'est plus préférable que
l'un de mes enfants. »

* * *
Par la suite, et pour se racheter, Oumayr dit au Messager
: « Ô Messager de Dieu, j'étais très actif pour éteindre la lumière de
Dieu et j'ai fait beaucoup de mal à ceux qui ont embrassé la religion de
Dieu tout puissant et très-haut. Alors, j'aimerais bien que tu
m'accordes la permission d'aller à la Mecque, pour les appeler à croire à
Dieu le transcendant et à son Messager; pour les appeler à l'Islam.
Peut-être Dieu les guidera. Sinon, je leur ferai du mal comme je le
faisais à tes compagnons. » Le Prophète
lui ayant accordé cette permission.


Oumayr regagna la Mecque. Il y entra armé
et prêt à combattre quiconque se mettrait en travers de son chemin.
Parmi ceux qu'il rencontra, Safouan b. Oumaya. Celui-ci n'osa pas tirer
son épée et se suffit de lui adresser quelques insultes, avant de se
retirer. En s'appuyant à son rang de personnage qouraychite, Oumayr s'en
alla appeler à l'Islam, jour et nuit, ouvertement et clandestinement,
de telle sorte que plusieurs mecquois se convertirent. Jugeant sa
mission accomplie, Oumayr prit le chemin de Médine avec les nouveaux
musulmans. A leur arrivée, ils furent accueillis avec joie.
* * *
Oumayr continua ensuite son combat pour la cause musulmane, aux côtés du Messager
et même après la disparition du Messager
.
Lors de la conquête de la Mecque, il était présent parmi les
combattants musulmans. Il y contacta son proche parent Safouan b.
Oumaya, pour le convaincre à se convertir. Comme ce dernier quitta la
Mecque pour s'exiler. Oumayr alla vite trouver le Messager
et dit : « Ô Prophète de Dieu! Safouan b. Oumaya, qui est un seigneur
dans son peuple, est parti en tant que fuyard pour prendre la mer.
Accorde-lui un aman! » Le Prophète
dit : « Il a cette protection. » Oumayr dit : « Ô Messager de Dieu,
donne-moi une preuve grâce à laquelle il reconnaît que tu lui as accordé
ta protection. » Le Messager
lui donna alors son turban.





Sur ce, Oumayr partit vite rattraper
Safouan. Il le trouva sur le point de monter sur le bateau en partance
pour le sud. Il lui montra le turban du Prophète
et le persuada de retourner à la Mecque. Par la suite, Safouan b.
Oumaya embrassa l'Islam et Oumayr b. Wahb en fut très heureux.

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