Biographie de Zaynab, fille de Muhammed
Zaynab
était la fille aînée de l'Envoyé de Dieu
et de Khadija
.
Sa naissance précéda de dix ans, la révélation divine faite à son père.
Quant à sa mère, elle entrait dans sa quarante cinquième année.



Elle épousa son cousin Abû-l-Âs Ibnu Rabi', qui faisait partie des hommes riches et honorables de la Mecque.
Ils eurent deux heureux événements, en premier lieu
la naissance d’une fille dénommée Oumama et plus tard, un garçon
prénommé Ali. Ces circonstances ont eu lieu juste avant l’Hégire du
Messager de Dieu
.

Les premiers à croire à sa mission et à rallier
l’Islam furent sa femme Khadija, Zeinab et ses soeurs, Ali fils de Abi
Talib ainsi que Zaïd, fils de Harith (que Dieu les agrée), qui faisait
partie de la famille du Messager de Dieu
. Ce fut la première famille islamique.

De retour d'un voyage, Abû-l-Âs fut mis au courant
au sujet de la nouvelle religion que son beau-père devait communiquer au
peuple, à savoir, l’adoration d’un Dieu unique. Zaynab exhortait son
époux à se rallier à sa foi. Hélas, il déclina l’offre, argumentant sur
le fait que l’on dise, qu’il a soi-disant abandonné la religion de ses
aïeux pour l’Islam, et tout cela à cause de sa femme.
Les Qurayshites multipliaient leur agressivité à l'égard du Prophète
.
Ce fut ainsi que les notables de Quraysh décidèrent, dans une
proclamation, affichée à la Kaaba, d'organiser un blocus autour de la
famille du Prophete
.
Celui ci, ses parents et ses adeptes furent isolés dans un terrain, non
loin de la Mecque. Le blocus dura trois longues années.


Certes Zaynab ne faisait pas partie de ceux qui
avaient été bannis. Mais les nouvelles de sa famille lui parvenaient
jusqu'à la maison de son mari. Elle ne pouvait qu'être peinée par l'état
dans lequel son père, sa mère et ses soeurs vivaient.
Cet isolement prit fin après que quelques personnalités mecquoises se révoltèrent contre le sort réservé au Prophète
.
Ils décidèrent d'arracher la proclamation des murs de la Kaaba. Enfin,
si la vie relativement normale reprit son court, il n'en resta pas moins
que ce blocus eut de néfastes répercussions sur la santé de son oncle
Abu Talib et de sa femme Khadija.

En effet, Abu Talib qui accordait sa protection au Prophète
,
mourut six mois après la fin du blocus, suivi trois jours après par la
mort de Khadija. Ainsi, les premiers soutiens du Prophète
disparurent.


Les idolâtres redoublèrent alors leur persécution jusqu'à ce que vint l'ordre du Messager de Dieu
d'émigrer. Une petite partie des fidèles se rendirent en Abyssinie dont
sa soeur Ruqyiya. Le reste des fidèles finirent par quitter la Mecque
pour se rendre à Médine, suivi plus tard par le prophète Muhammad et son
fidèle compagnon Abou Bakr (que Dieu l’agrée). Zaynab demeura ainsi
seule à la Mecque en compagnie de ses enfants.

Lors de la bataille de Badr, les Musulmans étaient
approximativement trois cents, alors que les Qoraychites furent un
millier. Pourtant, les musulmans remportèrent la victoire avec l’aide du
Tout Puissant. Rentrant victorieux à Médine avec un butin et de
nombreux prisonniers de guerre, parmi lesquels se trouvait Abû-l-Âs.
Les Musulmans avaient exigé une rançon contre la
liberté des captifs. A la Mecque, les Qorayshites se rendirent chez les
parents des détenus, afin de réunir la rançon réclamée. Ils se rendirent
chez Zeinab (que Dieu l’agrée) lui réclamant le prix de la rançon
contre la liberté de son mari. Elle ne possédait que le bijou que
Khadija lui offrit lors de son mariage. Le Prophète
l’ayant reconnue, il pleura et expliqua aux musulmans les faits, leur demandant avec leur approbation la liberté d’Abû-l-Âs.

Abû-l-Âs rentra ainsi chez lui. Quand Zaynab le
vit, elle sauta de joie. Cependant, ces retrouvailles allaient être
suivies par une nouvelle séparation. En effet, le Prophète
avait demandé que sa fille lui soit ramenée à Médine. Il n'était plus possible à une croyante d'être unie à un mécréant.

Il faut rappeler que les deux soeurs de Zaynab,
Ruqiyya et Umm Kaltoum, furent répudiées par leurs maris idolâtres. Par
contre celui de Zaynab refusa de divorcer malgré la promesse des
notables de son clan de le marier le plus rapidement possible.
Malgré l'amour qu'elle portait à son mari, Zaynab
était une fille obéissante. Elle ne pouvait pas aller à l'encontre de la
décision de son père, d'autant plus qu'elle revêtait un caractère
religieux. Enceinte, elle s’apprêta à émigrer, les préparations
terminées, elle se mit en route en plein jour et devant les Qoraychites,
accompagnée seulement par le frère de son conjoint. La nouvelle de son
exode est parvenue aux oreilles des ennemis de l’Islam, et la blessure
de la défaite était encore béante chez eux, et l’auteur n’était autre
que son père, il fallait se venger, ils envoyèrent quelques hommes pour
les intercepter.
Ils finirent par les rejoindre hors de la Mecque.
Le premier qui les aperçut, fut Habbâru Ibn al-Aswad qui avait perdu à
Badr ses trois frères. Il piqua de sa lance le chameau sur lequel était
montée Zaynab. Le chameau se rua et fit tomber Zaynab qui heurta un
rocher tout prêt de là. Grand archer, son beau frère s’était mis en
position l’arc à la main, la défendant contre quiconque voulait
s’approcher d’elle. A cet instant précis, Abou Soufyan, qui ne se
trouvait non loin de là, intervint en disant :
Ô Kinâna (le frère du mari de Zaynab), Baisse
ton arc. Nous avons à parler ! Je ne m'oppose pas au départ de Zaynab
qui va rejoindre son père. Cependant, vous partez en plein jour, au vu
et au su de tous alors que tu connais le malheur qui nous a frappé à
Badr. En te laissant partir, les gens prendront cela comme une
humiliation et une faiblesse de notre part. Retourne donc sur tes pas et
attends que le calme revienne. Les gens sauront que nous nous sommes
opposés à ce départ. Ensuite, tu reprendras Zaynab et tu la conduiras
chez son père discrètement.
Zaynab était à terre, le sang coulant de sa blessure provoquée par
sa chute. Kinâna fit demi-tour avec sa belle sœur à la Mecque où
malheuresement elle perdit son foetus. Son mari resta avec elle jusqu'au
moment où ses blessures se cicatrisèrent. Une fois ses forces revenues,
elle quitta la Mecque avec son beau frère. Cette fois les poursuivant
de la veille fermèrent leurs yeux.
Médine accueillit la fille du Prophète avec enthousiasme. Le Prophète
montra sa joie, d'un côté, mais il était courroucé par le traitement que les idolâtres avaient fait subir à sa fille.

Zaynab vécut, au cours des six premières années à
Médine, dans la sérénité, si ce n'est l'espoir d'apprendre un jour que
son mari venait d'embrasser l'islam. C'est que depuis son arrivée auprès
de son père, des centaines et des centaines de gens avaient rejoint la
religion de Dieu. Elle voyait que la victoire que le Très Haut avait
promis à son Messager était certaine.
Un matin, à l'heure de la prière du fajr, elle
entendit sa porte s'ouvrir lentement et avec précaution. Soudain, elle
vit son mari, debout au seuil de la maison. Elle fut transportee de
joie et cria: «Abû-l-Âs ! Abû-l-Âs !». Ces retrouvailles n'etaient pas
toutes empreintes de joie. L'époux de Zaynab n'était pas venu a Médine
en tant que Musulman mais comme fugitif. II demeurait encore associateur
comme il l'était avant. Il lui donna alors les explications suivantes:
- Ô Zaynab! Je ne suis pas a Yathrib en tant
que musulman. Je revenais de Syrie avec une caravane transportant
certaines marchandises à moi et d'autres à un groupe de Qurayshites. Au
cours du chemin, une expédition militaire, conduite par Zayd Ibn Harith
et comprenant cent soixante-dix hommes, nous intercepta. J'ai réussi à
leur échapper. Je me suis caché jusqu'à la tombée de la nuit. A présent,
je suis là en cachette et je me place sous ta protection.
Zaynab etait angoissée. Elle ne savait quelle
attitude prendre. Elle garda le silence et entendit son père prononcer
le takbîr de la priere de l'aube. A la fin de l'office, elle sortit au
seuil de la porte et voyant les croyants sortir en groupe de la mosquee,
elle cria:
- Ô vous les gens ! Sachez que j'ai sous ma protection Abû-l-Âs Ibn Rabi'.L'Envoyé de Dieu

- Avez vous entendu ce que j'ai entendu ? Ayant reçu une réponse positive, il ajouta "Par
celui qui détient l'âme de Muhammad dans ses mains, je n'étais pas au
courant de cette nouvelle jusqu'au moment où je l'ai entendue comme
vous." Il poursuivit après un court silence : "Je place sous ma protection ce que ma fille a placé sous sa protection".
Le Prophete
entra chez sa fille. Dès que Zaynab le vit, elle s'écria, attendant de lui son approbation et son soutien:
- Ô Envoyé de Dieu ! Si Abû-l-Âs est proche, c'est qu'il est le
fils d'un oncle. Et s'il ne l'est pas, il reste le père d'un enfant. Je
déclare qu'il est sous ma protection.
Son généreux père manifesta de la tendresse à sa
fille. Cependant, il lui apprit qu'étant musulmane et lui associateur,
elle n'était plus licite pour lui. Zaynab comprit que l'union conjugale
était, à présent, interdite par la religion de Dieu puisque celle-ci
n'autorisait pas le mariage d'une croyante avec un idolâtre. Aussi, lui
dit-elle d'un ton triste: «C'est le moment de notre séparation».
Abul-'As se cacha le visage afin que son épouse ne voit pas les larmes
qui coulaient sur ses joues. Apres quoi, il leva la tête et lui dit d'un
ton calme et pondéré:
- "Hier, il m'a été proposé d'embrasser l'Islam
et de prendre avec moi les biens que je transportais. Mais ces biens
appartiennent aux associateurs. Aussi ai-je refusé d'obtempérer. C'est
qu'il est malheureux que ma vie de musulman commence en trahissant la
confiance de ceux qui m'ont remis leur dépôt."
Zaynab le regarda bien en face, cherchant a
déchiffrer la pensée de son mari. Elle n'en croyait pas ses oreilles.
Etait-il vraiment disposé à embrasser l'Islam? Ce serait vraiment une
nouvelle des plus importantes car ce serait leur retour à une vie
conjugale commune.
Au matin, l'Envoye de Dieu
envoya chercher Abu-l-'As. Il se trouvait à la mosquée, entouré de
quelques uns de ses Compagnons parmi lesquels ceux qui avaient participé
a l'expédition et s'étaient emparés des marchandises de la caravane. Il
leur dit:

- Comme vous le savez, cet homme est l'un de
nous. Vous vous êtes saisie de sa marchandise. Si vous voulez lui rendre
son bien, faites-le mais si vous ne le voulez pas, gardez-le car,
faisant partie d'un butin de guerre, il est de votre droit de le garder.
Tous, d'une même voix, répondirent :- Ô Envoyé de Dieu! Nous lui rendons les biens que nous lui avons pris.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Tous les biens, sans exception, furent restitués.
Au moment de se dire adieu, Abu-l-'As promit à l'Envoyé de Dieu
qu'il embrasserait l'Islam dès qu'il aurait remis les biens à leurs ayant droits.
Abu-l-'As arriva à La Mecque. Les Mecquois étaient ravis de son
retour avec des gains appréciables, conséquents à de fructueuses
tractations commerciales. Il s'assura que tous avaient récupéré leurs
biens. Puis, balayant du regard l'assistance, il dit avec calme et
moderation mais d'une voix distincte pour qu'il puisse être entendu:
- "Je témoigne qu'il n'y a point de divinité en dehors de Dieu et je témoigne que Muhammed est le serviteur et l'Envoyé de Dieu." Il continua : "Si je n'ai pas donné mon adhésion à l'Islam alors que je me trouvais à Médine, c'est pour que vous ne disiez pas que je voulais m'accaparer de vos biens. A présent que je vous ai restitué votre dû, je me déclare musulman."
Après quoi, il partit en direction de Médine,
laissant Ie public abasourdi par cette sensationnelle nouvelle. Quant à
lui, il resplendissait de joie car il allait retrouver sa femme
bien-aimée et vivre auprès d'elle le restant de leurs jours. Arrivé à
Médine, il se dirigea vers la mosquée où se trouvait le Prophète. Sur
son passage, les musulmans le saluaient et le félicitaient d'avoir
embrassé l'Islam.
Mais lui, il etait préoccupé par une seule idée:
est-ce que 1'Envoye de Dieu allait accepter une nouvelle union avec
Zaynab? Etant musulman, rien ne s'opposait a ce qu'il vive sous le même
toit que Zaynab. C'est pourquoi, le Prophète
prit son beau-fils par la main et le conduisit chez sa fille. C'était
ainsi que le rempart, qui les avait désunis, avait été détruit et que la
vie conjugale entre les deux époux reprit naturellement.

Hélas, une année après la reprise des liens
conjugaux, Zaynab mourut au début de l'an huit de l'Hégire. Cette fois,
c'était une séparation definitive en ce monde.
C'est le Prophète 
Quant à Abû-l-`As, il survécut jusqu'au califat de `Umar.
Qu'Allah soit satisfait de Zaynab 

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